Qu'est-ce que la Légionellose ?
Guide complet : risques, prévention, entretien et réglementation (France 2025)

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Zones à risque

Eau stagnante entre 25-45°C : ballons d'eau chaude, tuyauteries non utilisées.

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Transmission par inhalation

Contamination via les gouttelettes d'eau en suspension (douche, aérosols).

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Prévention essentielle

Entretien régulier de vos installations pour éliminer les risques bactériens.

La Légionellose : Risques, Prévention & Réglementation (France 2025)

1. Historique

La légionellose doit son nom à une épidémie survenue en 1976 lors du 58ᵉ congrès de la Légion américaine à Philadelphie : 182 participants infectés, 29 décédés.

La bactérie Legionella pneumophila prolifère dans les eaux tièdes (25 à 45 °C) et avait été propagée par le système de climatisation de l'hôtel.

Aujourd'hui, elle affectionne particulièrement les installations modernes : tours aéroréfrigérantes, climatiseurs, bains à remous, jacuzzis, réseaux d'eau chaude sanitaire.

Sa croissance est favorisée par le tartre, le calcium, le magnésium, les résidus métalliques et l'oxydation des canalisations.

À l'entrée d'un bâtiment, on peut n'avoir qu'une seule bactérie par m³. Entre 32 et 42 °C, leur nombre double toutes les 3 à 4 heures.

Risque selon la durée de stagnation entre 25 et 45 °C :
• 0 à 2 jours → sans risque
• 2 jours à 1 semaine → risque faible
• > 1 semaine → risque élevé

2. Comment contracte-t-on la légionellose ?

Trois conditions cumulatives :

  1. Un réservoir hydraulique où prolifèrent les légionelles
  2. Un dispositif générant des aérosols d'eau
  3. Une personne qui inhale ces aérosols

3. Sources à risque & modes de transmission

Sources générant des aérosols contaminés

  • Tours aéroréfrigérantes
  • Douches
  • Spas et jacuzzis
  • Fontaines décoratives

On contracte la légionellose

  • En prenant une douche avec une eau contaminée
  • En vivant ou passant près d'une tour de refroidissement diffusant des aérosols
  • Près d'une fontaine décorative ou d'un spa contaminé

On ne contracte PAS la légionellose

  • Par contact avec une personne infectée
  • En buvant de l'eau contaminée (sauf fausse route)
  • En mangeant ou en touchant des surfaces

4. Responsabilité légale

La légionellose est une maladie à déclaration obligatoire (décret n°87-1012 du 11/12/1987).
Toute contamination liée à un séjour dans votre établissement déclenche une enquête. En cas de non-conformité des installations → responsabilité pénale possible et fermeture administrative.

5. Moyens de destruction des légionelles

  • Désinfection choc chimique (chlore concentré) → efficace mais contraignante
  • Ionisation cuivre/argent → peu efficace contre Legionella + corrosion sur acier galvanisé
  • Dioxyde de chlore, UV, permanganate → limites dans le biofilm
  • Choc thermique → méthode la plus simple et efficace pour les campings :
    50 °C → 90 % morts en 2 à 6 h
    65 °C → 90 % morts en 5 min
    70 °C → 4 minutes suffisent pour tout le réseau (obligatoire 1 fois/an)

6. Entretien d'une cuve d'eau potable 2000 L

Tous les 3 mois — Entretien léger

ÉtapeProduitDosageTempsRemarques
1. Vider 10 % du volume≈ 200 L
2. Brosser les parois accessiblesEau claireSans détergent
3. Désinfection douceEau de Javel 2,6 %1 L / 1000 L (soit 2 L)30 min à 1 hFaire couler chaque robinet

Tous les 6 mois — Nettoyage complet

ÉtapeProduitDosageTempsRemarques
1. Vider complètementInspecter le fond
2. Brosser + rincerEau claireRetirer dépôts, insectes, algues
3. Désinfection forteEau de Javel 2,6 % → 80 L
ou Hypochlorite de calcium → 60-80 g
/ 2000 L1 à 2 hRinçage abondant

Tous les 12 mois — Grand nettoyage annuel

ÉtapeProduitDosageTempsRemarques
1. Vider totalementInspecter joints et couvercle
2. Nettoyage oxydant (optionnel)Permanganate de potassium1 g / 10 L15-30 minPulvériser, rincer jusqu'à disparition couleur violette
3. Désinfection finaleIdentique nettoyage 6 mois1-2 hRinçage abondant

7. Petit lexique technique

Biofilm

Couche de micro-organismes adhérant aux parois et protégés par une gangue visqueuse. Refuge idéal pour les légionelles.

Ionisation cuivre/argent

Les ions Cu²⁺ et Ag⁺ détruisent algues et certaines bactéries, mais efficacité limitée contre Legionella et corrosion sur acier galvanisé.

Couple galvanique

Contact cuivre + zinc → corrosion accélérée par effet pile.

Dioxyde de chlore (ClO₂)

Désinfectant puissant (10× plus que le chlore), mais à forte dose = corrosion.

Choc thermique

70 °C pendant 4 minutes sur tout le réseau → élimination massive du biofilm (obligatoire 1×/an).

UV

Endommage l'ADN des bactéries, mais inefficace sur le biofilm et nécessite eau claire.

Hypochlorite — Eau de Javel

NaClO en solution aqueuse = eau de javel classique.

8. Équipements à risque

  • Eau chaude sanitaire (douches)
  • Tours de refroidissement
  • Bains à remous, jacuzzis
  • Bras morts et zones de stagnation
  • Chauffe-eau solaires et pompes à chaleur (températures souvent trop basses)

9. Les mitigeurs thermostatiques anti-légionelles

Meilleure arme : maintenir le réseau > 55 °C + choc thermique régulier en coupant l'eau froide.

  • Mitigeur centralisé + boucle de recirculation + vanne 3 voies motorisée
  • Mitigeurs thermostatiques au point d'usage (douches)
  • Mitigeur centralisé sans boucle + électrovanne en fin de ligne

10. Recommandations CSTC (Belgique — très utilisées aussi en France)

  • Production ≥ 60 °C
  • Température en tout point du réseau ≥ 55 °C
  • Retour de boucle ≥ 55 °C (ΔT maxi 5 °C)
  • Interdiction des bras morts > 3 L ou 5 m

11. Questions fréquentes sur la légionellose

Comment contracte-t-on la légionellose ?

La légionellose se contracte uniquement par inhalation d'aérosols d'eau contaminée contenant des bactéries Legionella. Cela se produit principalement lors d'une douche, près d'une tour de refroidissement, d'un spa ou d'une fontaine décorative. Trois conditions sont nécessaires : un réservoir d'eau contaminé, un dispositif générant des gouttelettes en suspension, et une personne qui inhale ces aérosols. Important : la maladie ne se transmet pas d'une personne à l'autre, ni en buvant de l'eau (sauf en cas de fausse route).

À quelle température les légionelles meurent-elles ?

Les légionelles sont détruites par la chaleur selon ces paramètres : 50°C = 90% morts en 2 à 6 heures ; 65°C = 90% morts en 5 minutes ; 70°C = élimination complète en 4 minutes. Le choc thermique à 70°C sur l'ensemble du réseau est obligatoire une fois par an pour éliminer le biofilm. À l'inverse, les légionelles prolifèrent entre 25 et 45°C, avec un doublement de leur population toutes les 3 à 4 heures entre 32 et 42°C.

Comment entretenir une citerne d'eau pour éviter la légionellose ?

L'entretien préventif comprend trois niveaux : Tous les 3 mois = vider 10% du volume, brosser les parois, désinfection douce à l'eau de Javel (1L/1000L) ; Tous les 6 mois = vidange complète, nettoyage approfondi, désinfection forte (80L de Javel pour 2000L) ; Tous les 12 mois = grand nettoyage annuel avec inspection des joints et couvercle, éventuellement traitement au permanganate de potassium. Le rinçage abondant après chaque désinfection est crucial.

Quels sont les équipements les plus à risque ?

Les installations générant des aérosols d'eau tiède sont les plus dangereuses : douches (réseau d'eau chaude sanitaire), tours aéroréfrigérantes (climatisation), spas et jacuzzis, fontaines décoratives, et zones de stagnation (bras morts dans les canalisations). Les chauffe-eau solaires et pompes à chaleur présentent également un risque car ils maintiennent souvent l'eau dans la zone critique de 25-45°C, température idéale pour la prolifération des légionelles.

La légionellose est-elle une maladie grave ?

Oui, la légionellose peut être grave. Lors de l'épidémie historique de Philadelphie en 1976, sur 182 personnes infectées, 29 sont décédées (taux de mortalité d'environ 16%). La maladie est à déclaration obligatoire en France depuis 1987. Les symptômes ressemblent à une pneumonie sévère. Les personnes âgées, immunodéprimées ou souffrant de maladies respiratoires chroniques sont particulièrement vulnérables. Un diagnostic et traitement rapides sont essentiels.

Quelle réglementation en France pour les installations d'eau chaude ?

L'arrêté du 30 novembre 2005 impose : 50°C maximum aux douches (anti-brûlure) ; ≥50°C en tout point si le volume dépasse 3L entre production et point de puisage ; ≥55°C permanent dans les ballons de 400L ou plus (ou montée en température quotidienne). Les tubes terminaux d'alimentation doivent être ≤3L. Toute contamination liée à un établissement déclenche une enquête, avec risque de responsabilité pénale et fermeture administrative en cas de non-conformité.

12. Décret français — Arrêté du 30 novembre 2005

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES
TEXTES GENERAUX : "Installations de distribution d'eau chaude sanitaire"

Arrêté du 30 Novembre 2005 modifiant l'arrêté du 23 juin 1978 relatif aux installations fixes destinées au chauffage et à l'alimentation en eau chaude sanitaire des bâtiments d'habitation, des locaux de travail ou des locaux recevant du public.

Art 1er — L'article 36 de l'arrêté du 23 Juin 1978 susvisé est remplacé par les alinéas suivants :

1— Afin de limiter le risque de brûlure:

— Dans les pièces destinées à la toilette, la température maximale de l'eau chaude sanitaire est fixée à 50°C aux points de puisage;
— Dans les autres pièces, la température de l'eau chaude sanitaire est limitée à 60°C aux points de puisage;
— Dans les cuisines et les buanderies des établissement recevant du public, la température de l'eau distribuée pourra être portée au maximum à 90°C en certains points faisant l'objet d'une signalisation particulières.

2— Les points de puisage à risque définis dans le présent alinéa sont les points susceptibles d'engendrer l'exposition d'une ou plusieurs personnes à un aérosol d'eau; il s'agit notamment des douches. Afin de limiter le risque lié au développement des légionnelles dans les systèmes de distribution d'eau chaude sanitaire sur lequel sont susceptibles d'être raccordées des points de puisage à risque, les exigences suivantes doivent être respectées pendant l'utilisation des systèmes de production et de distribution d'eau chaude sanitaire et dans les 24 heures précédant leur utilisation:

— Lorsque le volume entre le point de mise en distribution et le point de puisage le plus éloigné est supérieur à 3 litres, la température de l'eau doit être supérieure ou égale à 50°C en tout point du système de distribution, à l'exception des tubes finaux d'alimentation des points de puisages. Le volume de ces tubes finaux d'alimentation est le plus faible possible, et dans tous les cas inférieur ou égal à 3 litres;
— Lorsque le volume total des équipements de stockage est supérieur ou égal à 400 litres, l'eau contenue dans les équipements de stockage, à l'exclusion des ballons de préchauffage, doit être en permanence à une température supérieure ou égale à 55°C à la sortie des équipements;
— Ou être portée à une température suffisante au moins une fois par 24 heures, sous réserve du respect permanent des dispositions prévues au premier alinéa du présent article. L'annexe 1 indique le temps minimum de maintien de la température de l'eau à respecter.

Art 2 — Les dispositions de l'article 1er prendront effet un an après la parution du présent arrêté au Journal officiel.

Art 3 — Le directeur de la défense et de la sécurité civiles, le directeur général des entreprises, le directeur général de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction, le directeur général de la santé et le directeur de la prévention des pollutions et des risques sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République Française.

Points clés :

  • Douches : température maxi 50 °C (anti-brûlure)
  • Volume > 3 L entre production et point de puisage → T ≥ 50 °C partout (sauf tubes terminaux ≤ 3 L)
  • Ballons ≥ 400 L → eau permanente ≥ 55 °C ou montée en température suffisante toutes les 24 h

Document mis à jour décembre 2025 — Sources : textes réglementaires français & recommandations techniques

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